avril 04, 2022 3

L’usage des diodes électroluminescentes (ou LED) se généralise. Mais cet éclairage « froid » trop riche en lumière bleue peut avoir un impact sur la vision et sur le sommeil. Quelles solutions pour limiter les risques ? Quelles ampoules privilégier à l'achat ?

 

La technologie LED s’impose aujourd’hui dans les luminaires, les guirlandes de décoration, les torches, les phares de voiture, mais aussi dans les écrans d’ordinateurs et de smartphones. Riche en lumière bleue, cet éclairage inquiète l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) qui a publié un rapport sur le sujet, en mai 2019.

 

Comment les LED agressent-ils les yeux ?

La lumière bleue des LED a une longueur d’ondes courte, très énergétique. Ce flux intense agresse les cellules de la rétine et perturbe la sécrétion de mélatonine, l’hormone du sommeil, dépendante des variations de la lumière naturelle.

 

« La rétine peut supporter une certaine quantité de lumière mais, à un moment, ses capacités de réparation sont dépassées », explique le Dr Alicia Torriglia, directeur de recherche à l’Inserm.

Or, dans l’histoire de l’humanité, l’œil s’est adapté à un éclairage “chaud”, en particulier le soir : le feu, la bougie, puis les lampes à incandescence. Avec les LED, il lui faut tolérer une lumière bleue beaucoup plus “froide”. Pour la rétine, ce n’est pas idéal.

Des normes de sécurité encadrent l’éclairage domestique, mais pas les jouets ou les torches. Par ailleurs, les valeurs limites actuelles calculées pour une exposition inférieure à 8 heures par jour « ne tiennent pas compte de l’exposition chronique aux LED, tous les jours et sur plusieurs années », dit le Pr Francine Behar-Cohen, professeure en ophtalmologie.

Qui sont les plus sensibles ?

 

  • Lesenfants : leur cristallin, cette lentille qui filtre les rayons lumineux et les dirige vers la rétine, est transparent. Il laisse passer plus de lumière bleue que celui d’un adulte. Or, une exposition sur de longues durées à une forte luminosité augmente le risque de DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge). De plus, les enfants passent beaucoup de temps sur les écrans au risque de perturber leur sommeil.
  • Les personnes âgées : avec l’âge, l’œil devient plus sensible à la lumière et à l’éblouissement. Trop de lumière bleue pourrait provoquer « un vieillissement prématuré de la rétine », selon le Dr Torriglia qui pointe un risque potentiellement accru de DMLA.
  • Lesmigraineux et les épileptiques : le niveau lumineux des ampoules LED fluctue de manière plus ou moins perceptible. Ce papillotement peut provoquer des maux de tête, voire une crise d’épilepsie. Or, selon le rapport de l’Anses, “environ 43 % des lampes à LED à usage domestique ont des performances dégradées” dans ce domaine.
  • Lesfemmes enceintes : des études chez l’animal ont montré que l’exposition à la lumière bleue, pendant la grossesse, perturbe les rythmes circadiens du fœtus, donc son développement. « Nous déconseillons aux femmes enceintes d’être sur écran la nuit », indique le Pr Behar-Cohen.
  • Les patients souffrant d’une pathologie de l’œil : lorsque le cristallin ou la rétine est atteint, on résiste moins bien aux agressions lumineuses.
  • Certains professionnels : le travail de nuit et certains métiers (éclairagiste, dentiste, chirurgien...) exposent à un éclairage artificiel pendant de longues heures.

 

Que faire contre la lumière bleue des LED ?

 

  • Éviter les jouets à LED et les lampes de décoration de couleur bleue (guirlandes, veilleuses...).
  • Laisser jouer les enfants le plus possible à la lumière du jour. Plus ils passent de temps à l’extérieur, moins ils ont de risque de myopie.
  • Éteindre ses écrans, dans l’idéal, 2 heures avant d’aller se coucher et ne pas utiliser son smartphone ou sa tablette en pleine nuit.
  • Télécharger le logiciel gratuit F.lux qui réduit la lumière bleue des écrans en soirée. Certains modèles d’ordinateurs ou de tablettes le font automatiquement. Les lunettes anti-lumière bleue ne sont pas toutes efficaces. Aucune norme ne permet de les hiérarchiser.

 

Comment choisir ses ampoules ? La “température de couleur” d’une ampoule signale sa quantité de lumière bleue. Elle ne doit pas dépasser 3 000 K (kelvin). Il vaut mieux choisir celles qui portent la mention “blanc chaud”.

 

Auteur :  Sylvie Dellus, Journaliste chef de rubrique

Pr Francine Behar-Cohen, professeure en ophtalmologie, présidente du groupe de travail de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) sur les effets des LEDDr Alicia Torriglia, directeur de recherche à l’Inserm, membre du groupe de travail de l’Anses